Echanges avec Marc Clérivet et Tristan Jézéquel, fondateurs d’Isotopes
Quelle est la motivation à l’origine de la création d’Isotopes ?
Marc Clérivet – Nous avons initié cette démarche pour repenser les activités de création et d’accompagnement à la conception de projets culturels, à travers un lieu qui pourrait aborder le sujet sous plusieurs angles : les nouveaux modèles économiques, les questions de recherche autour de la figure de l’artiste et la place de la culture, à la fois dans la vie locale et dans la société, faire travailler des secteurs du milieu culturel trop souvent cloisonnés etc.
Tristan Jézéquel – Il y avait également un sujet sur l’économie de milieu culturel et la pérennité du modèle actuel. Sensibilisé en tant qu’ancien intermittent, j’avais envie de proposer un modèle alternatif, avec d’autres façons de concevoir l’économie de la culture.
Directeur du Département Musique
Le Pont Supérieur
Chanteur, danseur, ethno-sociologue & historien
Chercheur associé au CRBC
Responsable formations artistiques « musique »
Coordinateur pédagogique du Master « Artistes
des Musiques Traditionnelles » – Le Pont Supérieur
Artiste musicien ; étudiant chercheur – Université
de Bretagne Occidentale
Comment abordez-vous la question de l’innovation sociale au sein du projet ?
TJ – Lors du lancement en 2020, nous avions surtout cherché à étudier et tester la faisabilité d’une entreprise de l’Economie sociale et solidaire le champ culturel. Une première rencontre avec Ellyx nous a amené à aller plus loin, à réfléchir à la place d’Isotopes dans le panorama entrepreneurial, à exprimer plus clairement ce que nous voulions faire et décrire le projet politique sous-jacent de changement social.
MC – Ce travail nous a permis de mettre en exergue les dimensions d’innovation et recherche intrinsèques au projet, de même que le positionnement politique. Nous ne mettions pas ce dernier en avant de peur que cela nous ferme des portes. Mais contrairement aux autres acteurs qui demandaient d’abord notre business plan, Ellyx nous a incité à renverser le paradigme et à d’abord parler du projet politique pour être mieux compris.
Vous avez réalisé un diagnostic de potentiel d’innovation, qu’en retenez-vous ?
TJ – On savait déjà ce qu’on voulait faire et comment, sans se dire que c’était innovant pour autant. Cela nous a permis de prendre conscience de la dimension de recherche et développement de notre démarche, de notre méthode et de connaître les outils que nous pouvions mettre en face pour développer le projet.
MC – On est sur de l’innovation à la fois culturelle et sociale, à ce titre nous avons eu pas mal d’échanges sur notre positionnement et la stratégie pour lancer l’activité. Très vite, nous avons su qu’il nous faudra aller vers une SCIC, avec un modèle de coopération multi-acteurs. Il est apparu aussi par exemple que nous avions intérêt à conserver nos postes actuels car ils nous amènent du réseau et une assise pour démarrer.
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TJ – Il y a deux grands projets de R&D. Le premier sur Isotopes, qui serait labellisée Jeune Entreprise Universitaire et porterait le développement d’une méthodologie d’accompagnement, de création, de structuration et de projet de recherche. Le deuxième sur la création d’un laboratoire de recherche artistique en SCIC. L’idée, encore méconnue en France, est de là faire émerger à des créations collectives liées à de projet de recherche, autour du lien entre musique et mouvement par exemple.
MC – L’idée principale de la SCIC, c’est d’avoir un lieu de coopération d’acteurs qui n’ont pas du tout l’habitude de travailler ensemble : des labos de recherche, des artistes, des chercheurs indépendants des collectifs comme le Centre Chorégraphique National de Rennes et de Bretagne, des écoles d’art etc. Ils ne se seraient jamais réunis si ce n’est dans cette forme assez innovante qui leur permet d’être tous parties prenantes à égalité.