03.06.22

La Recherche et Développement sociale pour faciliter l’innovation sociale de rupture

Face aux problématiques sociétales actuelles (inégalités, fractures territoriales, réchauffement climatique, etc.), décuplées et rendues plus visibles en période de crise, de nouvelles réponses doivent être trouvées : des innovations à la hauteur de ces défis doivent être développées. La complexité et la transversalité de ces défis impliquent de penser des innovations combinées (politiques, organisationnelles, technologiques, etc.) nécessairement portées par des acteurs hétérogènes dans des échelles d’actions territoriales et nationales pour la résolution d’enjeux sociétaux. C’est ce que nous pouvons qualifier d’innovation sociale et plus particulièrement d’innovation sociale de rupture (ISR).

Comme le rappelait Emmanuel Macron lors de sa présentation du plan « France 2030 » en octobre dernier, « la recherche et l’innovation sont essentielles pour faire face aux grands défis actuels (vieillissement de la population, changement climatique, effondrement de la biodiversité, fracture numérique, augmentation des inégalités, etc.) ». Pour cela, rapprocher les mondes de la science de l’industrie – et plus généralement du monde socio-économique – apparait comme une priorité des politiques publiques (eg : Crédit Impôt Recherche, instituts Carnot, SATT, etc.). Dans ce contexte, la Recherche et Développement (R&D) est considérée comme un des moyens essentiels de favoriser l’innovation en permettant « d’accroître la somme des connaissances, y compris la connaissance de l’homme, de la culture et de la société, ainsi que l’utilisation de cette somme de connaissances pour de nouvelles applications ». Cette définition issue du manuel Frascati fait référence. Elle renvoie au développement d’innovations de natures très différentes – comme en témoigne l’utilisation du terme « homme, culture, société » – bien qu’actuellement les activités de R&D soient majoritairement orientées vers le développement de nouvelles technologies en s’appuyant sur les sciences « dures ».

La persistance des enjeux économiques (désindustrialisation, inégalités économiques, fractures territoriales, etc.) et la prégnance des enjeux sociétaux (énergie, environnement, logement, alimentation, mobilité, etc.) laissent entrevoir les limites du progrès technologique comme réponse aux situations de crise. C’est dans ce contexte que la notion d’innovation sociale a fait son apparition aussi bien dans les travaux académiques que dans les politiques publiques. La complexité et la transversalité de ces défis impliquent de penser des innovations combinées (politiques, organisationnelles, technologiques, etc.) nécessairement portées par des acteurs hétérogènes dans des échelles d’actions territoriales et nationales pour la résolution d’enjeux sociétaux. C’est ce que nous pouvons qualifier d’innovation sociale et plus particulièrement d’innovation sociale de rupture (ISR) afin de mettre l’accent sur son caractère particulièrement transformatif. 

Vers l’innovation sociale de rupture

Sous le terme « innovation sociale de rupture », il y a l’idée de venir croiser plusieurs types d’innovation (innovation de service, d’organisation, de financement, innovation règlementaire, changements culturels ou cognitifs, innovation politique, etc.). Elles s’incarnent au travers d’un changement de cadres institutionnels, règlementaires et cognitifs. La combinaison des innovations qu’elle induit (en termes de nouveaux services, produits ou technologies, modèles économiques et organisationnels, normes ou politiques publiques) fonde une rupture avec l’existant quand bien même elle se fonde dans un processus de transformation des pratiques sociales durant une période plus ou moins longue. De manière plus précise, cinq éléments la fonde :

  • Le changement de paradigme constitue un élément important des démarches en ce qu’il consacre une modification dans la manière de se représenter la réalité, de penser, et donc dans la façon d’agir.
  • Un cadre d’interactions entre des acteurs nécessairement hétérogènes, en termes de statuts, de compétences, d’intérêts ou de visions : ce besoin de diversité est lié à une capacité d’action multiple qui invite à infuser dans différentes strates des organisations et de la société. Elle invite, par les interdépendances qu’elle induit entre une pluralité d’acteurs publics, privés, marchands ou issus de la société civile, à l’émergence de cadres de coopérations.
  • Le périmètre d’intervention de cette communauté favorise le croisement et la combinaison d’innovations de nature différente, relevant par exemple de service, de produit, de politique publique, de modèle économique, ou encore de représentations sociales et culturelles.
  • Ces innovations agissant à des niveaux et échelles différents et raisonnant entre elles, il est essentiel d’articuler expérimentations territorialement situées et évolutions des cadres au niveau national.
  • Pour finir, ces différents éléments doivent permettre de répondre de manière pertinente et plus satisfaisante que ce qui se fait déjà à une problématique sociétale. 

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Article écrit par Marie Ferru, Jade Omer, Méri Réale

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Collage représentant des personnes agençant des formes
Collage représentant des personnes observant une feuille